Sara et la Charpillon : écritures de la crise dans Monsieur Nicolas de Rétif de La Bretonne et Histoire de ma vie de Casanova.
Résumé
Quand on compare les autobiographies respectives de Rétif de La Bretonne et de Casanova, deux épisodes sont souvent mis en parallèle : le récit de la passion délétère de Casanova pour la Charpillon, lors de son séjour londonien, et celui de la passion non moins orageuse de Rétif pour Sara. Cet article met ce parallèle à l'épreuve en montrant que si les deux épisodes révèlent une convergence dans le projet philosophique et moral des auteurs, qui prétendent tous deux intéresser et instruire le lecteur par l'analyse de leur expérience, ils font l'objet d'un traitement très différent. Casanova aborde cet épisode comme une réécriture de l'Orlando furioso qui met en valeur ses qualités intellectuelles et morales menacées par une aventure dégradante. L'objectif de Rétif n'est pas de maîtriser le chaos de la passion mais de le revivre et d'en tirer une jouissance renouvelée par le travail de réappropriation mémorielle inhérent à l'écriture. Ces deux conceptions différentes de l'écriture de la crise éclairent la singularité de chacun des deux autobiographes.
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