Invention et réinvention de la « programmation générative » des projets : une opportunité de collaboration entre architecture et SHS pour des modes d'habiter « durables ». - Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue Clara Année : 2015

Invention et réinvention de la « programmation générative » des projets : une opportunité de collaboration entre architecture et SHS pour des modes d'habiter « durables ».

Jodelle Zetlaoui-Leger

Résumé

Les sciences sociales et humaines (SHS) peuvent être considérées comme des disciplines consubstantielles à l'architecture, par le fait qu'elles permettent d'explorer la « demande sociale », « les besoins », les « usages » et les « représentations » associés à l'espace, qui constituent l'un des trois piliers de l'art de bâtir, redéclinés mais jamais reniés depuis la trilogie vitruvienne énoncée dans l'Antiquité (Pinson, 1993). Si des théoriciens fondateurs tels qu'Alberti ou Viollet-le-Duc ont établi le caractère moteur pour la conception de la réflexion sur le « programme » exprimant ces dimensions (Zetlaoui-Léger, 2009), la primauté donnée à l'esthétique et dans une moindre mesure, à la technique dans la critique architecturale, ainsi que les modes de reconnaissance professionnels privilégiés, ont rendu toujours difficile et incertaine la prise en considération des apports potentiels des SHS dans ce champ. Au cours du XX e siècle, le courant rationaliste du Mouvement Moderne accorde bien une place prépondérante à la vocation sociale de l'architecture mais l'ambition universaliste de ses promoteurs, leur fascination pour la technique, se traduiront par une façon de penser les modes de vie selon une vision utopique et des principes normalisant les solutions constructives. Les effets de leur doctrine dans les modes de production capitalistes seront critiqués par les précurseurs de la sociologie et de l'anthropologie urbaine en Europe et aux États-Unis dès la fin des années 1950 (Chombart de Lauwe, 1959), opposant à la fonction, la diversité des usages et des modes d'habiter, ouvrant la voie à de nouvelles façons de penser le processus de projet en s'appuyant sur la spécificité des situations. Le propos de cet article est de montrer comment a pu être pensée la contribution des SHS à la production de l'espace dans le cadre de recherches-actions basées sur l'organisation d'une collaboration fructueuse entre sociologues et architectes. Il s'appuie sur des expériences personnelles de chercheuse et de praticienne pour évoquer les différents développements qu'a connus l'une des initiatives menées en ce sens en France à la charnière des années 1980-1990 : « la programmation générative » des projets 1. Cet article revient dans un premier temps sur les conditions d'émergence, de formalisation ainsi que sur les difficultés de diffusion de cette méthode il y a 25 ans. Puis il s'intéresse à la façon dont la complexification des projets architecturaux et urbains liée à la diversification des acteurs impliqués, aux incertitudes économiques fragilisant leur faisabilité, et à la montée en puissance des enjeux de développement durable, conduit ces dernières années à faire évoluer les processus opérationnels selon des modalités qui reprennent un certain nombre des principes de la méthode de programmation générative.
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Citer

Jodelle Zetlaoui-Leger. Invention et réinvention de la « programmation générative » des projets : une opportunité de collaboration entre architecture et SHS pour des modes d'habiter « durables ».. Revue Clara, 2015, 3, pp. 101-­‐114. ⟨hal-01884113⟩
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