Vieux enfants, nouveaux infanticides - Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Cliopsy Année : 2009

Vieux enfants, nouveaux infanticides

Résumé

Traduction et adaptation avec l'auteur : Ilaria Pirone et Laurence Gavarini Ces dernières années, une série d'idées singulières a surgi au sujet de l'enfance. Il est dit par exemple que les enfants d'aujourd'hui sont plus intelligents et plus rapides que ceux d'autrefois, qu'ils savent ce qu'ils veulent et ont des opinions, au point que nous doutons qu'il s'agisse encore d'enfants ou, en d'autres termes, que leur manière d'être continue de correspondre à ce qu'on nommait enfance par le passé. Ces changements présupposés de l'enfance font que nous nous sentons obligés d'« adapter » et de « moderniser » notre façon de les accueillir au monde-notre façon de les éduquer, de leur adresser la parole-, puisque le savoir sur l'enfance que nous pouvons avoir, ayant été enfant nous-mêmes, ne peut qu'être imprécis, ne peut pas être utilisé comme critère et doit être mis de côte en tant que « chose du passé ». On donne pour acquis qu'actuellement « nous aimons nos enfants » et que la meilleure preuve en est que nous leur demandons leur opinion et que nous les stimulons à participer à différentes discussions et à des activités variées au quotidien. Dans cette même veine, nous sommes aussi toujours prêts à répertorier toute sorte de maltraitance envers les enfants, et d'ailleurs, par la loi, nous reconnaissons pour ces « enfants différents d'aujourd'hui » une série de droits 1 ! On pense que l'enfance pourrait bien être en voie de disparition ou possiblement qu'elle aurait une durée plus courte pour les « enfants si différents d'aujourd'hui » (Postman, 1982 ; Ariès, 1973). Il y a aussi le fait que les adultes, plus conscients et éclairés que jadis, doivent tolérer des habitudes, des intérêts et des goûts singuliers et très nouveaux. En somme, on croit que nous voyageons dans le temps, en suivant une échelle d'évolution qui irait de la tolérance médiévale à l'infanticide, jusqu'à la reconnaissance légale de ce qu'on appelle l'intérêt de l'Enfant. Évidemment, je suis persuadé que les temps changent. Néanmoins, je doute que la vie au contact des enfants évolue dans une direction aussi claire et distincte tel qu'on le juge aujourd'hui. Qui plus est, j´estime que le fait de ne pas mettre en doute la certitude d'une telle ligne d'évolution est un indicateur que quelque chose ne va pas bien dans le cours de notre vie quotidienne. Si je me questionne à propos de l'évolution de nos habitudes et coutumes, cela ne signifie pas penser que la ligne de l'histoire suivrait-à l'inverse-un mouvement de dégradation. Tout simplement je crois que la famille, la tradition et la propriété, parmi d'autres productions humaines, sont prises dans l'air du temps et donc se présentent dans la société selon le dernier cri de la mode. On ne peut donc pas parler d'évolution ou de dégradation, pour ces dernières, mais simplement de changements historiques (Lajonquière, 2000), qui nous disent quelque chose de la façon dont nous nous rêvons comme toujours autres que nous-mêmes et, par conséquent, de la façon dont nous rêvons aussi le lien de constante haïnamoration, avec ces êtres-95
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Dates et versions

hal-03006302 , version 1 (15-11-2020)

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Citer

Léandro de Lajonquière. Vieux enfants, nouveaux infanticides. Cliopsy, 2009, N° 1 (1), p. 95-100. ⟨10.3917/cliop.001.0095⟩. ⟨hal-03006302⟩
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