“Scalinatèlla”, “Le petit chemin de pierres”, “Дорога надежды” : pour le problème des nomadismes musico-sémantiques - Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2017

“Scalinatèlla”, “Le petit chemin de pierres”, “Дорога надежды” : For the Problem of Musico-Semantic Nomadisms

“Scalinatèlla”, “Le petit chemin de pierres”, “Дорога надежды” : pour le problème des nomadismes musico-sémantiques

Natalia Govar
  • Fonction : Auteur
Anna Leone

Résumé

The problem of musical semantics is an old dilemma of the music theory. On the one hand, it would be too daring to conclude that in music there was no dimension related to meaning, on the pretext of the absence of referential, or denotative, relations between the melodico-rhythmic signifier and the extramusical signified (or referent). On the other hand, the vagueness of such relations, as well as their sometimes conditional, sometimes subjective, character, oblige us to distinguish between semantics in linguistics and “semantics” in music. It remains to define on what relies the analogy in both cases and how the semantic function within the musical sign takes place. We will discuss these issues on the material of three versions of a Neapolitan song transposed poetically and musically into two other cultural traditions: 1. "Scalinatèlla" [“little stairway”] (Neapolitan version ; music G. Cioffi, lyrics E. Bonagura, 1948 ; performer R. Murolo) ; 2. "Le petit chemin de pierres" [“little stone path”] (French version ; music G. Cioffi, lyrics E. Bonagura, adaptation J. Patrick, 1956 ; performer Dalida) ; 3. "Дорога надежды" [Doroga nadezhdy, “path of hope”] (Russian version ; music G. Cioffi, lyrics V. Krylov, 1958 ; performer N. Timtchenko). The interest of the Neapolitan original consists in the mimetic poetic-musical configuration, correlative to a series of perceptual and cognitive images identifying a young girl with a long narrow stairway, by which she should descend, that is created through the evolution of the psychosomatic state of the lyric hero during the failed love story narration. The French version operates a curious temporal inversion (the memory replaces the expectation), a genre inversion (the narrator is a woman) and a transformation, poetic and musical, of the steps of a little stairway into the stones of a little path. At the same time, the melismatic pattern of the original song is strengthened and acquires a rather mimetic proprioceptive than purely emotional function. The Russian version involves a cinematographic allusion that is based on the Italian film "Il cammino della speranza" (1950), which tells a story of friendship and love developing in the background of the struggle of the working class against unemployment, social precariousness and exploitation. Very close to the Neapolitan original, this version retains the idea of the quest for happiness, not only of personal happiness but of that deeply rooted in the common destiny of a socioprofessional community (in the film, there are Sicilian miners who are forced to escape Italy trying to pass the mountain frontier with France, while in Russian version there is an allusion to a “mountain iron-shod boot” of the narrator “tired of following his steep path”), and, thus, at the poetic level, radically changes the system of the original artistic image. The objective of our analysis will therefore be to identify and describe a series of synesthetic, cognitive, linguistic and cultural mechanisms governing certain musico-semantic nomadisms in the history of music.
Le problème de la sémantique musicale est un vieux dilemme de la théorie de la musique. D’une part, il serait trop osé de conclure qu’en musique il n’existait pas de dimension ayant rapport au sens, sous prétexte d’absence de relations référentielles, ou dénotatives, univoques entre le signifiant mélodico-rythmique et le signifié (ou référent) extramusical. D’autre part, l’imprécision de telles relations, ainsi que leur caractère tantôt conditionnel, tantôt subjectif, nous obligent à faire la différence entre le sémantique en linguistique et le « sémantique » en musique. Il reste à définir sur quoi repose l’analogie dans les deux cas et comment s’opère la fonction sémantique au sein du signe musical. Nous aborderons ces questions à partir de trois versions d’une chanson napolitaine transposée poétiquement et musicalement dans deux autres traditions culturelles : 1. "Scalinatèlla" [« petit escalier »] (version napolitaine ; musique G. Cioffi, paroles E. Bonagura, 1948 ; interprète R. Murolo) ; 2. "Le petit chemin de pierres" (version française ; musique G. Cioffi, paroles E. Bonagura, adaptation J. Patrick, 1956 ; interprète Dalida) ; 3. "Дорога надежды" [doroga nadezhdy, « chemin de l’espoir »] (version russe ; musique G. Cioffi, paroles V. Krylov, 1958 ; interprète N. Timtchenko). L’intérêt de l’original napolitain réside dans la configuration poético-musicale mimétique, corrélative à une série d’images perceptives et cognitives identifiant une jeune fille à un petit escalier, long et étroit, par lequel elle devrait descendre. Une telle identification se crée à partir de l’évolution de l’état psychosomatique du héros lyrique au cours de la narration d’une histoire d’amour raté. La version française opère une curieuse inversion temporelle (le souvenir se substitue à l’attente), un changement de genre (le narrateur est une femme) et une transformation, poétique et musicale, des gradins du petit escalier en pierres d’un petit chemin. En même temps, le dessin mélismatique de la chanson originale se trouve renforcé et acquière une fonction plutôt mimétique proprioceptive que purement émotionnelle. La version russe joue sur une allusion cinématographique à un film italien ("Il cammino della speranza", 1950) qui raconte une histoire d’amitié et d’amour se déroulant sur le fond de la lutte de la classe ouvrière contre le chômage, la précarité sociale et l’exploitation. Très proche musicalement de l’original napolitain, cette version conserve globalement l’idée de la quête du bonheur, non seulement d’un bonheur personnel mais de celui profondément enraciné dans le destin commun d’une collectivité socioprofessionnelle (dans le film, il s’agit des mineurs siciliens qui fuient l’Italie et doivent traverser la frontière montagnarde avec la France, alors que la version russe fait allusion à une « botte de montagne ferrée d’acier » du narrateur « fatigué de suivre son chemin escarpé »), et, sur le plan poétique, change ainsi radicalement le système de l’image artistique initiale. L’objectif de notre analyse consistera donc à relever et décrire une série de mécanismes synesthésiques, cognitifs, linguistiques et culturels régissant certains nomadismes musico-sémantiques dans l’histoire de la musique.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03033090 , version 1 (01-12-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03033090 , version 1

Citer

Evelina Deyneka, Natalia Govar, Anna Leone. “Scalinatèlla”, “Le petit chemin de pierres”, “Дорога надежды” : pour le problème des nomadismes musico-sémantiques. Colloque scientifique international transdisciplinaire « PHÉNOMÈNE DE NOMADISME dans la culture, la littérature et la communication langagière : aspects philosophiques, sémiotiques et anthropologiques », Université de Warmie et Mazurie, Olsztyn, Pologne, Jun 2017, Olsztyn, Pologne. pp.27-29. ⟨hal-03033090⟩
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